OTTline

OTTline

Danse

Danser. J’ai envie de danser. C’est une envie intérieure, bien sûr ; je déteste danser. Mon corps n’est pas fait pour ça. Comme un manque de grâce congénitale, une rigidité génétique, et même pas héréditaire. Je suis de ces mélomanes dont le moindre geste rythmique est inadéquat. Alors je demeure immobile, absorbé par la musique. Danseur de tango cérébral. Mais là, j’en ai envie. Je suis à la Nouvelle-Orléans, prêt à faire se trémousser toutes les fesses noires et dodues qui se présenteront. J’ai Charles Mingus dans la tête. Sa contrebasse, son rythme. Dieu qu’il est jouissif son rythme ! Encore un verre et je me trouve à Cuba, en duel acharné pour battre de mes déhanchements le pianiste fou qui se déchaine. Il est doué, le salopard ! Lui est né avec le rythme comme un brésilien avec le foot. Lui joue du piano comme on ferait jouir une femme avec violence. Ses caresses sont de petits coups de marteau s’abattant sur chaque touche avec ferveur. Mais moi, j’ai un verre d’avance, je suis devenu le rythme ! Je suis le piano, je suis le pianiste. Je suis cette femme qui jouit, je suis la jouissance. Il ne peut rien contre moi ! Un verre de plus et la réalité se rapproche. Je suis en Argentine, torturé par un tango lascif. Les femmes sont splendides, les femmes sont terrifiantes. L’atmosphère est électrique et la musique tragique. La femme est un animal dangereux qu’il faut dompter. Elle a la peau mate et la robe longue. Epouser le moindre de ses mouvements, prendre le dessus par le mimétisme. Devenir une femme, pour être son homme ensuite. Quelques minutes de lutte rusée avant la nuit sensuelle. Minutes sensuelles avant la noblesse d’une nuit perverse



14/12/2012
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